La saga Batman au cinéma (part. 2) : l'ère Burton
(Cliquez ici pour lire la 1ère partie du dossier)
Durant les 20 années qui suivent la diffusion originale de la série TV (de 1966 à 1968), Batman est synonyme de gags débiles et d'onomatopées comme "KA-POW", "WHAP", "BIFF" ou "SWOOSH" pour le grand public. La version BD du personnage continue pourtant d'évoluer : après une modernisation nécessaire en 1964, le ton décalé du show TV ultra-populaire finit par déteindre sur les comics qui se vendent comme des petits pains entre 1966 et 1968. Mais après l'annulation de la série TV, les ventes chutent à nouveau et c'est la volonté de s'éloigner une fois pour toute de ce ton ridicule qui motive l'auteur Dennis O'Neal et l'artiste Neal Adams à proposer une nouvelle version de Batman à partir de 1970, initiant ainsi l'âge de bronze (Bronze Age) des comics consacrés à ce personnage. Leur intention est de revenir aux bases posées par Bob Kane et Bill Finger en 1939 : un justicier nocturne, solitaire (donc sans Robin) et agissant dans l'ombre. Cette vision similaire à celle des films les plus appréciés de la saga cinématographique du Chevalier Noir (qui ne verront le jour que 20 à 35 ans plus tard) est bien accueillie par les fans des années 70, mais elle ne permet pas d'enrayer la chute des ventes qui continue jusqu'à atteindre son plus bas historique en 1985 (au point d'être à deux doigts de provoquer l'annulation du personnage en kiosques).
On ne peut pas parler des films (modernes) consacrés à Batman sans mentionner Michael Uslan. Né en 1952, Uslan fait parler de lui lorsqu'il estt étudiant à l'université d'Indiana : cet établissement accepte en effet les idées de cours venant des étudiants et Michael Uslan réussit à convaincre le doyen de l'université de l'intérêt d'un cours sur les héros de comic-books en lui faisant prendre conscience du fait que tout le monde connait la mythologie de Superman ou Batman au même titre que les mythologies antiques classiques. Uslan devient alors le premier américain à donner un cours officiellement reconnu sur l'histoire des comics.
Après avoir terminé ses études et surtout après avoir constaté l'immense succès de l'excellent premier film consacré à Superman en 1978, Michael Uslan décide de produire un film consacré à Batman. Mais étant lui-même un grand fan de comics et ayant détesté la série des années 60, il veut que ce film soit sombre et sérieux ! Avec l'aide du producteur Benjamin Melniker, il acquiert les droits d'adaptation de Batman en 1979 et joint deux autres producteurs à sa cause, mais échoue à convaincre tous les grands studios américains de l'intérêt d'un tel film. Ceux-ci sont en effet incapables d'envisager un film qui serait différent du ton de la série des années 60.
Note : Uslan et Melniker sont producteurs exécutifs de tous les films consacrés à Batman depuis les années 80 jusqu'à aujourd'hui.
Étant donné le succès rencontré par leur film "Superman" et ne voulant pas laisser l'autre grand personnage de DC Comics à d'autres, les studios Warner Bros finissent tout de même par accepter le projet de film consacré à Batman en 1981. Tom Mankiewicz (l'un des scénaristes du film "Superman") est engagé pour écrire le script et celui-ci livre sa copie en 1983 : dans un ton épique proche de celui employé pour l'Homme d'Acier, l'histoire se concentre ici sur les origines de Batman puis celles de Robin en fin de récit, les deux héros luttant contre le Joker et Rupert Thorne (un chef mafieux introduit dans les comics en 1977), ce dernier étant celui qui a embauché Joe Chill (identifié depuis une BD parue en 1948 comme celui qui a tué les parents Wayne) pour assassiner Thomas Wayne sur fond d'élections au conseil municipal de Gotham City. Le personnage féminin de Silver St. Cloud (apparu dans les comics en 1977) y est présent pour une romance avec Bruce Wayne. Le script est à ce moment-là intitulé "The Batman" et le projet avance puisqu'on parle d'une sortie sur les écrans à la mi-1985 (période où la popularité du personnage est au plus bas). Mais le studio n'arrive pas à se décider sur l'orientation du film et change sans cesse d'avis sur le ton à employer. Ils envisagent d'embaucher Joe Dante ("Gremlins" 1 & 2) ou Ivan Reitman ("S.O.S. Fantômes" 1 & 2) pour la réalisation mais font régulièrement réécrire le script jusqu'au point d'arriver à l'exact opposé du projet de départ (une version comique avec Bill Murray dans le rôle de Batman et Eddie Murphy dans le rôle de Robin a été envisagée à un moment donné, pour le plus grand effroi du producteur Michael Uslan).
Le projet est dans une impasse ! Mais en 1986, la BD "The Dark Knight Returns" écrite et dessinée par Frank Miller révolutionne l'industrie des comics et initie son âge moderne (Modern Age). Cette histoire devenue culte montre un Bruce Wayne vieillissant obligé de sortir de sa retraite pour ré-endosser le costume de Batman afin de combattre le crime organisé qui ronge Gotham City. Il finit par s'opposer à la police qui ne veut pas de son aide, ainsi qu'à de vieux ennemis et mêmes d'anciens amis afin de mener à bien sa mission. Ce comic-book dépressif et brutal (situé hors de la continuité des publications régulières) redéfinit complètement les attentes du public de l'époque, et les ventes de bat-comics repartent enfin à la hausse pour la première fois depuis presque 20 ans. Warner Bros comprend alors enfin l'intérêt (financier) d'un film sombre consacré à Batman et décide d'impliquer un jeune réalisateur dont le premier film nommé "Pee-Wee's Big Adventure" a connu un beau succès au box-office en 1985...
"Batman" (1989) :
Tim Burton est donc officiellement nommé à la tête du projet en 1986, tout en continuant de travailler en priorité sur son second film nommé "Beetlejuice". Il demande au scénariste Sam Hamm de lui écrire un nouveau script désormais simplement titré "Batman". Celui-ci remanie tout ce qui a été fait jusque-là et remplace Silver St. Cloud par la journaliste Vicki Vale (apparue dans les comics en 1948) ainsi que Rupert Thorne par un personnage original nommé Carl Grissom. Son plus gros changement réside dans le fait qu'il choisit de ne pas raconter la création de Batman de façon chronologique (en commençant avec l'assassinat des parents Wayne). Il considère qu'il est plus intéressant (et plus intrigant) d'y revenir par le biais de flash-backs. Le personnage de Robin n'est pas entièrement supprimé de l'histoire car Dick Grayson y fait tout de même une brève apparition. Une scène avec le jeune policier James Gordon en patrouille durant la nuit du meurtre des parents Wayne figure également dans ce script, mais celle-ci sera supprimée lors des ré-écritures qui suivront, ainsi que toutes les références à Dick Grayson / Robin.
Ce n'est qu'après la sortie (et le succès commercial) de "Beetlejuice" en mars 1988 que Warner Bros donne finalement son feu vert pour débuter la pré-production de "Batman". Mais une controverse éclate lorsque les fans apprennent que Tim Burton va réaliser le film car il est encore considéré uniquement comme un réalisateur de comédies (d'autant plus que son premier film s'adressait essentiellement aux enfants). Pire : après avoir envisagé Mel Gibson, Kevin Costner, Charlie Sheen, Alec Baldwin, Dennis Quaid, Harrison Ford, Burt Reynolds, Pierce Brosnan ou Tom Selleck, et malgré les pressions du studio pour choisir une star de films d'action, Tim Burton finit par attribuer le rôle de Batman / Bruce Wayne à Michael Keaton (qu'il a dirigé dans "Beetlejuice"). Le scandale est total : Michael Keaton est surtout connu à cette époque pour ses rôles comiques (sans parler du fait qu'il n'est pas très grand et qu'il n'a pas la mâchoire carrée typique de Bruce Wayne) et les studios Warner reçoivent plus de 50 000 lettres de protestation de la part des fans. Michael Uslan, Sam Hamm et même Bob Kane contestent cette décision, craignant une nouvelle fois un retour au ton de la série des années 60, mais Tim Burton maintient son choix et embauche le co-créateur de Batman, Bob Kane, comme consultant sur le film afin de calmer l'opinion publique. Pendant ce temps-là, Michael Keaton étudie la BD "The Dark Knight Returns" pour travailler son personnage...
Jack Nicholson finit par accepter le rôle du Joker, ce qui rassure une partie des fans sur le sérieux du projet, mais ça n'a pas été chose aisée car l'acteur a longtemps résisté avant de donner son accord. Il finit tout de même par céder en imposant toutes sortes de contraintes (d'emploi du temps mais aussi salariales) à la production. Jack Nicholson était de toute manière l'acteur voulu par Uslan depuis les débuts du projet 8 ans auparavant, même si Tim Curry, Willem Dafoe, David Bowie et James Woods ont été envisagés à un moment ou à un autre, tandis que Robin Williams a ouvertement milité (en vain) pour obtenir le rôle.
L'actrice Sean Young ("Blade Runner") est engagée pour interpréter le rôle de Vicki Vale mais elle se blesse à cheval juste avant le début du tournage. Il faut alors trouver une autre actrice en urgence et Michelle Pfeiffer est envisagée. Michael Keaton refuse car il la fréquente à cette époque et il pense que la situation pourrait être trop compliquée à gérer pour lui. Kim Basinger est disponible et c'est finalement elle qui rejoint immédiatement la production.
Les rôles du Commissaire Gordon et d'Alfred Pennyworth sont attribués à Pat Hingle et Michael Gough, et ceux-ci conserveront ces rôles pour les trois films suivants (jusqu'à "Batman & Robin" en 1997). Billy Dee Williams (Lando Calrissian dans la saga "Star Wars") est choisi pour le rôle du procureur Harvey Dent, avec l'intention de Tim Burton de développer l'histoire de Double-Face dans un futur film. Jack Nicholson fait embaucher l'un de ses meilleurs amis, Tracey Walter, pour le rôle de Bob (le bras droit du Joker) tandis que le grand acteur Jack Palance hérite du rôle de Carl Grissom, le grand boss du crime de Gotham City.
Pour des besoins de place (mais aussi pour s'éloigner de la pression médiatique), la production se déplace en Angleterre, aux studios Pinewood, et le tournage s'y déroule d'octobre 1988 à janvier 1989. Tim Burton (alors âgé de 30 ans) subit une pression énorme de la part des studios car le budget du film est quasiment un record pour l'époque. Il ne dispose pas d'une entière liberté artistique mais réussit tout de même à faire embaucher son ami Danny Elfman (qui avait déjà travaillé sur les deux premiers films de Burton) afin de s'occuper de la musique. Tout aussi stressé que Tim Burton à l'idée de s'occuper d'un film d'une telle envergure, Danny Elfman est toutefois rapidement engagé après avoir fait écouter aux producteurs sa vision de la "fanfare" de Batman.
Le script est réécrit à plusieurs reprises durant le tournage, notamment par Warren Skaaren qui y ajoute plus de scènes d'action, élimine complètement le passage où les parents de Dick Grayson, alors en pleine représentation d'acrobaties aériennes durant la grande parade visible en fin de métrage, font une chute mortelle causée par des explosions de feux d'artifices accidentellement déclenchés par le Joker en fuite à bord d'une camionnette. La scène finale en haut de la cathédrale est également été ajoutée pendant le tournage.
La toute première bande-annonce de "Batman" est projetée fin 1988 afin de faire cesser une fois pour toutes les critiques et le scepticisme des fans. Ce n'est qu'un montage de scènes diverses avec très peu de musique mais la réaction du public va bien au delà des espérances du studio : l'engouement est énorme, les fans téléphonent aux cinémas pour savoir s'ils diffusent le trailer et vont à des séances de n'importe-quel film pour pouvoir le (re)voir, tandis que des copies pirates s'échangent dans les conventions. Une nouvelle vague de "bat-mania" envahit les Etats-Unis où les affiches dénuées de texte et arborant uniquement le (superbe) logo créé pour l'occasion sont visibles partout (et sont régulièrement volées par les fans) ! Les produits dérivés se vendent comme des petits pains et les chansons spécialement écrites par Prince (dont sa fameuse "Batdance") font un carton alors que le film n'est même pas encore sorti !
Des comics de Batman contenant des histoires sombres et violentes continuent de paraître depuis "The Dark Knight Returns" : Frank Miller réécrit une fois pour toute les origines du personnage à la manière d'un film noir dans "Batman - Year One" en 1987, Alan Moore explore les liens tordus qui existent entre Batman et le Joker (ainsi que les origines de ce dernier) dans "The Killing Joke" en 1988 (Tim Burton n'est pas très fan de comics en général, mais il affirme que le premier et le seul qu'il ait vraiment compris et adoré était "The Killing Joke"), tandis que Jason Todd (le second Robin après Dick Grayson) meurt dans les bras de Batman suite à un vote des fans dans les pages de "A Death In The Family" entre décembre 1988 et janvier 1989 ! Toutes ces BD sont aujourd'hui considérées comme cultes.
Le contexte est idéal lorsque "Batman" sort sur les écrans américains le 23 juin 1989. Tout comme l'attente, le succès est colossal ! "Batman" sera le premier film de l'histoire à atteindre les 100 millions de dollars de recette durant les 10 jours suivant sa sortie (les recettes totales atteindront plus de 411 millions de dollars pour un budget initial de 35 millions). C'est le plus grand succès de l'année 1989 aux Etats-Unis (devancé de peu à l'international par "Indiana Jones Et La Dernière Croisade") et il obtient l'Oscar de la meilleure direction artistique grâce aux designs créés par Peter Young et Anton Furst, ce dernier étant le principal créateur des décors de Gotham City, de l'apparence et des gadgets de Batman, sans oublier la sublime Batmobile créée pour le film !
Du côté des fans des comics, les critiques envers Michael Keaton sont totalement oubliées, et ils sont au contraire ravis par l'ambiance sombre et gothique du film. Bob Kane lui-même est heureux de constater que le personnage qu'il a créé 50 ans auparavant est enfin traité d'une façon aussi fidèle. Mais il y a toutefois deux éléments qui ne seront pas acceptés par le public dans le scénario du film (sans parler de la musique de Prince jugée comme étant "hors-contexte") : le fait que Vicki Vale soit conduite dans la Batcave par Alfred (il y aura d'ailleurs un dialogue relevant cette bizarrerie dans le film suivant), mais aussi et surtout le fait que le Joker soit le tueur des parents de Bruce Wayne ! Le scénariste original Sam Hamm (absent du tournage anglais à cause d'une grève des scénaristes aux Etats-Unis) n'est pas à l'origine de ces scènes, il soutient ces critiques qu'il juge fondées et regrette les réécritures apportées à son script. Il précise toutefois que cette vision de la mort des parents Wayne était une idée à laquelle Tim Burton tenait énormément depuis longtemps afin de créer un lien psychologique entre Batman et le Joker (le réalisateur et le scénariste s'étaient régulièrement affrontés sur le fait d'inclure ou non cette partie de l'histoire) !
"Batman", malgré ses quelques petits défauts (notamment de rythme), est encore considéré comme l'un des meilleurs films de super-héros jamais réalisés, et il ouvre la voie aux adaptations modernes et sérieuses de comic-books, alors que la franchise "Superman", qui avait pourtant débuté en fanfare avec deux bons films, finit par se perdre en route dans les années 80 via deux suites risibles et un spin-off minable consacré à la cousine du kryptonien.
Les studios Warner Bros souhaitent que Tim Burton débute le tournage d'un second film consacré à Batman dès le mois de mai 1990. Mais le réalisateur hésite car il n'est pas satisfait du premier film et il garde un très mauvais souvenir des pressions subies sur le tournage. Il préfère donc s'atteler d'abord à la réalisation de "Edward Aux Mains D'Argent" (sorti en 1990 chez 20th Century Fox) avant d'accepter finalement l'offre de Warner Bros à condition de disposer d'une totale liberté artistique sur le projet.
Entre-temps, Warner fait à nouveau appel à Sam Hamm pour écrire le script de cette suite. Son histoire commence rapidement après la fin de "Batman" et Vicki Vale en fait partie. Robin y apparaît (à nouveau) en fin de récit, tandis que les nouveaux méchants sont Catwoman (apparue dans les comics en 1940) et le Pingouin (apparu dans les comics en 1941) qui s'allient afin de partir à la recherche d'un trésor. Mais lorsque Tim Burton arrive officiellement à la tête du projet avec les pleins pouvoirs, il demande une réécriture quasi-complète de ce script au scénariste Daniel Waters (qu'il avait tout d'abord contacté afin d'écrire une suite à "Beetlejuice").
"Batman Returns" ou "Batman : Le Défi" en VF (1992) :
Daniel Waters a envie de montrer dans son histoire que les vrais méchants ne portent pas forcément de costume ou de maquillage, et qu'on peut les trouver dans les milieux politiques et financiers. Il créé donc de toute pièce le personnage de Max Shreck (interprété par Christopher Walken, vu dans "Dead Zone" et "King Of New-York") pour exprimer cette idée, celui-ci étant tout d'abord envisagé comme étant le frère perdu depuis longtemps par le Pingouin. Vicki Vale et Robin sont supprimés, essentiellement parce-qu'il y a déjà assez de personnages et surtout parce-que Tim Burton ne trouve pas d'approche intéressante pour les traiter. De toute façon, le studio et Burton considèrent que les personnages non-présents dans ce film seront développés dans les films suivants (c'est par exemple le cas de Harvey Dent / Double-Face dont le rôle est toujours réservé à l'acteur Billy Dee Williams et qui devait à l'origine faire une brève apparition dans "Batman Returns" dans une scène où il remettait à plus tard son implication dans les événements après avoir tiré sa décision à "pile ou face"). Marlon Wayans (un afro-américain alors âgé de moins de 20 ans, connu plus tard pour ses rôles dans "Scary Movie" 1 et 2, "Donjons & Dragons", "G.I. Joe") fut d'ailleurs engagé pour interpréter Robin, mais vit son personnage également conservé pour le 3ème film de la saga. Dick Grayson devait ici apparaître en tant que jeune délinquant, puis comme jeune mécanicien qui s'occupe de la collection de voitures de Bruce Wayne et qui finit par découvrir son alter-ego secret pour finalement bricoler la Batmobile (un concept assez proche de ce qui sera raconté dans "Batman Forever" en 1997).
Catwoman et le Pingouin sont conservés, et vu que le réalisateur pense avoir déjà bien exploré Batman dans le premier film, il décide de mettre le héros en retrait pour se concentrer sur le Pingouin via son histoire et sa psychologie (les personnages rejetés par la société étant récurrents dans le cinéma de Tim Burton qui y voit un miroir de sa propre expérience).
Parmi les critiques récurrentes de "Batman Returns", on retrouve d'ailleurs le fait que Batman n'est pas assez présent comparé à ses ennemis (une critique déjà évoquée pour le premier film, mais bien plus coriace pour le second). On évoque aussi le trop grand nombre de personnages de "Batman Returns". Il était d'ailleurs assez nouveau de faire en sorte qu'un super-héros affronte deux super-vilains différents dans un même film, et pourtant cette formule a persisté dans tous les films suivants, jusqu'à "The Dark Knight Rises" sorti 20 ans plus tard !
Côté casting, Danny DeVito ("À La Poursuite Du Diamant Vert", "Jumeaux") est un choix logique et unanime pour le rôle du Pingouin. Annette Bening est engagée pour le rôle de Selina Kyle / Catwoman mais se voit contrainte d'abandonner le projet à cause de sa grossesse (elle retrouvera Tim Burton quelques années plus tard dans "Mars Attacks !"). Sean Young, qui avait failli jouer Vicki Vale dans "Batman", milite pour obtenir le rôle en visitant les bureaux de la production avec un costume "fait-maison" de Catwoman afin d'obtenir une audition (quasiment toutes les actrices connues âgées à l'époque de 20 à 35 ans veulent ce rôle). Mais après avoir envisagé Raquel Welch, Jennifer Jason Leigh, Madonna, Ellen Barkin, Cher, Bridget Fonda et Susan Sarandon, c'est Michelle Pfeiffer (pressentie pour incarner Vicki Vale dans "Batman") qui finit par obtenir le rôle après une seule rencontre avec Tim Burton.
Cette fois, personne ne conteste le fait que Michael Keaton endosse le rôle de Bruce Wayne / Batman, sauf peut-être l'acteur lui-même qui hésite et finit par accepter à condition d'explorer une nouvelle facette de son personnage (et en renégociant son salaire très à la hausse).
Bob Kane est une nouvelle fois engagé comme consultant pour le film.
Le tournage se déroule cette fois à Hollywood début 1991 (alors que la Warner avait dépensé une fortune pour conserver les décors de "Batman" en Angleterre pendant que Tim Burton tournait "Edward Aux Mains D'Argent"). Bo Welch, qui a déjà travaillé sur "Beetlejuice" et "Edward Aux Mains D'Argent" remplace Anton Furst (qui se suicidera fin 1991 pour raisons personnelles) au poste de production designer. Il s'inspire largement des travaux de son prédécesseur auxquels il ajoute des influences néo-expressionnistes russes et allemandes (via par exemple d'immenses statues) pour la ville de Gotham City. La Batmobile reste quant à elle inchangée, sauf dans une scène bien précise. Le costume de Batman porté par Michael Keaton dans le premier film était particulièrement inconfortable et pesait plus de 30 kilos ! Son design est légèrement modifié pour le second film, notamment au niveau de la poitrine (qui arbore cette fois un bat-logo similaire à celui visible sur les supports publicitaires), il ne pèse plus "que" 25 kilos et offre également un léger confort supplémentaire à l'acteur ainsi que de plus grandes facilités de mouvement (sans pour autant lui permettre de pivoter sa tête indépendamment de ses épaules).
Le budget de "Batman Returns" est 2,3 fois plus important que celui de "Batman" : il atteint en effet 80 millions de dollars ! Une grande partie de ce budget a été consacrée aux effets visuels créés par Stan Winston ("The Thing", les 4 "Terminator", "Aliens", les 2 premiers "Predator", la saga "Jurassic Park", "Iron Man", "Avatar"), notamment pour l'armée de pingouins robotisés ou les costumes de Catwoman et du Pingouin. Les décors coûtent une fortune car ils doivent être constamment climatisés afin que de l'haleine des acteurs soit visible (l'action du film se déroule à Noël), mais aussi pour le confort des véritables pingouins utilisés dans certaines scènes.
Danny Elfman s'occupe à nouveau de la musique (tandis que le single qui accompagne le film est cette fois le morceau "Face To Face" de Siouxsie And The Banshees) et la post-production dispose d'un timing très serré pour que le film soit prêt à temps. Tim Burton rajoute d'ailleurs le plan final montrant Catwoman devant un ciel de Gotham City illuminé par le Bat-Signal au tout dernier moment. La scène est réalisée en un week-end pour un coût de 25 000 $ et avec une doublure utilisant l'un des costumes restants de Catwoman (et en étant attentif, on peut se demander sur quoi se tient Catwoman dans ce plan). Le réalisateur et le studio pensent en effet qu'il faut montrer que ce personnage est toujours en vie et qu'il pourrait réapparaître dans l'un des films suivants...
"Batman Returns" sort sur les écrans américains le 19 juin 1992 et bat le record du meilleur week-end de démarrage. Bien qu'étant un grand succès commercial, le film n'engrange qu'un total de 266 millions de dollars de recettes (soit 145 millions de moins que le premier film). Accompagné de réactions très partagées, le film est notamment critiqué pour sa trop grande noirceur de ton. Le Pingouin et Catwoman sont largement salués pour les prestations "habitées" des acteurs qui les interprètent, tandis que les fans déplorent leurs origines trop différentes de celles des comics. Catwoman est tout de même saluée pour son implication complexe dans l'histoire (gentille / méchante), très fidèle à ses apparitions dans les comics. On déplore tout de même le manque de scènes épiques impliquant Batman, tandis que tous les personnages du film sont considérés (probablement à juste titre) comme étant dépressifs ou névrosés.
Les restaurants McDonald's font l'objet d'un mini-scandale à cause de leurs menus Happy Meal estampillés Batman et offrant des véhicules inspirés du film. Bien que "Batman Returns" soit classifié PG-13 (comme le premier film, c'est-à-dire interdit aux moins de 13 ans non-accompagnés d'un adulte), les parents américains emmènent leurs très jeunes enfants voir le film et se plaignent ensuite auprès de la chaîne de fast-food des scènes sanglantes et des cauchemars nocturnes vécus par les bambins. La chaîne de restauration tente d'abord d'expliquer qu'elle ne fait pas la promotion du film mais qu'elle représente la franchise Batman dans son ensemble. Elle finit toutefois par retirer ses menus au bout de quelques semaines lorsque les médias commencent à leur faire trop de mauvaise publicité.
Note : la classification PG-13 a été inventée en 1984 après que le film "Indiana Jones Et Le Temple Maudit" ait provoqué la colère des parents qui considéraient qu'il était beaucoup trop effrayant, voire gore, pour être classé PG (accompagnement d'un adulte conseillé - certaines scènes peuvent ne pas convenir aux enfants). Mais le film était également trop familial pour être classé R (interdit aux moins de 17 ans non-accompagnés d'un parent) comme un film d'horreur, et Steven Spielberg a ensuite contacté la MPAA pour suggérer la création d'une classification intermédiaire, le PG-13, qui est devenue effective 3 mois après la sortie de son film.
Warner Bros désire évidemment continuer de capitaliser sur une franchise aussi populaire que Batman et compte bien produire d'autre films. Mais le studio n'est alors plus très enthousiaste à l'idée que Tim Burton occupe le poste de réalisateur (bien que celui-ci ait déjà des idées). Burton est donc écarté du projet de film suivant (dont il reste tout de même le producteur) et Warner Bros commence à travailler sur une approche plus familiale de la franchise...
"Batman" et "Batman Returns" demeurent aujourd'hui encore des œuvres incontournables ayant ouvert la voie aux adaptations cinématographiques modernes consacrées au super-héros. Leur impact sur le cinéma a été considérable et ils sont encore considérés parmi les meilleurs films de Tim Burton. Ils ont d'ailleurs permis à d'autres œuvres (de qualités diverses) inspirées de l'univers de Batman de voir le jour :
"Batman - The Animated Series", le célèbre dessin-animé d'excellente qualité produit par Bruce Timm et scénarisé par Paul Dini profite largement du succès de "Batman" en 1989 pour entrer en développement. On y retrouve la même ambiance sombre, le même type de design à la fois moderne et ancré dans les années 40, ainsi que les thèmes musicaux de Danny Elfman retravaillés par Shirley Walker. Bruce Timm s'est aussi ouvertement inspiré de la fantastique série de dessins-animés "Superman" produite dans les années 40 par les studios Fleischer. La diffusion de "Batman - The Animated Series" a débuté en septembre 1992 aux Etats-Unis et ce dessin-animé est encore considéré comme l'un des meilleurs jamais produits pour la télévision. Elle comporte une première saison (1992-1993) de 65 épisodes, une seconde saison (1994-1995) intitulée "The Adventures Of Batman And Robin" comportant 20 épisodes supplémentaires, ainsi qu'un troisième saison (1997-1998) intitulée "The New Batman Adventures" qui comporte 24 autres épisodes. Elle a également engendré 3 long-métrages animés sortis pour la plupart directement en vidéo : "Batman - Mask Of The Phantasm" ("Batman Contre Le Fantôme Masqué" en VF) sorti (en salles uniquement aux Etats-Unis) en 1993, "Batman & Mr. Freeze : SubZero" en 1998 et "Batman : Mystery Of The Batwoman" ("Batman : La Mystérieuse Batwoman") en 2003.
Note : le doublage du Joker en VO est effectué par Mark Hamill (Luke Skywalker dans la saga "Star Wars" originale).
"Batman - Mask Of The Phantasm" est d'ailleurs considéré comme l'un des meilleurs films consacrés à Batman, au même titre que certains long-métrages en prises de vues réelles comme le premier "Batman" ou "The Dark Knight". Il est d'ailleurs intéressant (voire décevant) de constater que ce film n'a jamais été éditée en DVD/Blu-Ray Zone-2 à ce jour ! En revanche, l'intégrale de la série animée est enfin sortie en DVD (mais pas en Blu-Ray) en octobre 2013 en France.
Suite au succès rencontré par le personnage de Catwoman dans "Batman Returns", Warner Bros a envisagé un spin-off réalisé par Tim Burton dont le personnage principal serait toujours interprété par Michelle Pfeiffer, et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'on ne la fit pas apparaître dans le film suivant ("Batman Forever"). Un script sombre et réaliste, une nouvelle fois écrit par Daniel Waters, a été proposé aux studios Warner en 1995, juste au moment où un "Batman Forever" à l'orientation très grand public sortait sur les écrans. Le projet fut alors mis de côté durant de nombreuses années, et Burton et Pfeiffer quittèrent le navire...
Le film (au script largement modifié) refait finalement surface en 2004 sous la direction du français Pitof ("Vidocq"). Le rôle principal est attribué à Halle Berry (son personnage nommé Patience Phillips n'ayant strictement rien à voir avec Selina Kyle), tandis que Sharon Stone et Lambert Wilson y interprètent les méchants de l'histoire. "Catwoman" obtient un très mauvais score au box-office et est largement critiqué (à raison) pour son scénario, sa réalisation et ses acteurs aux prestations minables. Il est considéré comme l'une des pires adaptations de comics au cinéma.
Une série TV nommée "Birds Of Prey" ("Les Anges De La Nuit" en VF) et vaguement inspirée des comics du même nom est diffusée à partir de 2002. Elle met en scène Helena Kyle (Huntress), la fille née de l'amour de Batman et Catwoman (ce personnage existe avec cette origine dans certaines versions des comics) suite aux événements de "Batman Returns". La série recrée d'ailleurs certaines scènes du film original afin de raconter les origines d'Helena.
Elle combat le crime aux côtés de Dinah Redmond (Black Canary) et Barbara Gordon (Oracle et ex-Batgirl) dans la ville de New Gotham désertée depuis longtemps par Batman. Une scène expliquant les origines du handicap d'Oracle (interprétée par Dina Meyer, vue dans "Starship Troopers") s'inspire d'ailleurs directement du célèbre comic-book "The Killing Joke" d'Alan Moore et Brian Bolland paru en 1988.
La grande méchante de l'histoire est la psychiatre Harleen Quinzel (Harley Quinn, qui n'y porte jamais son célèbre costume) et elle est interprétée par Mia Sara ("La Folle Journée De Ferris Bueller").
Alfred Pennyworth est le narrateur de l'histoire.
Cette série de qualité moyenne fut annulée au bout d'une unique saison de 13 épisodes. Elle a été éditée en DVD en 2008 (et est facilement trouvable en Zone-2).
À suivre...
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Durant les 20 années qui suivent la diffusion originale de la série TV (de 1966 à 1968), Batman est synonyme de gags débiles et d'onomatopées comme "KA-POW", "WHAP", "BIFF" ou "SWOOSH" pour le grand public. La version BD du personnage continue pourtant d'évoluer : après une modernisation nécessaire en 1964, le ton décalé du show TV ultra-populaire finit par déteindre sur les comics qui se vendent comme des petits pains entre 1966 et 1968. Mais après l'annulation de la série TV, les ventes chutent à nouveau et c'est la volonté de s'éloigner une fois pour toute de ce ton ridicule qui motive l'auteur Dennis O'Neal et l'artiste Neal Adams à proposer une nouvelle version de Batman à partir de 1970, initiant ainsi l'âge de bronze (Bronze Age) des comics consacrés à ce personnage. Leur intention est de revenir aux bases posées par Bob Kane et Bill Finger en 1939 : un justicier nocturne, solitaire (donc sans Robin) et agissant dans l'ombre. Cette vision similaire à celle des films les plus appréciés de la saga cinématographique du Chevalier Noir (qui ne verront le jour que 20 à 35 ans plus tard) est bien accueillie par les fans des années 70, mais elle ne permet pas d'enrayer la chute des ventes qui continue jusqu'à atteindre son plus bas historique en 1985 (au point d'être à deux doigts de provoquer l'annulation du personnage en kiosques).
On ne peut pas parler des films (modernes) consacrés à Batman sans mentionner Michael Uslan. Né en 1952, Uslan fait parler de lui lorsqu'il estt étudiant à l'université d'Indiana : cet établissement accepte en effet les idées de cours venant des étudiants et Michael Uslan réussit à convaincre le doyen de l'université de l'intérêt d'un cours sur les héros de comic-books en lui faisant prendre conscience du fait que tout le monde connait la mythologie de Superman ou Batman au même titre que les mythologies antiques classiques. Uslan devient alors le premier américain à donner un cours officiellement reconnu sur l'histoire des comics.
Après avoir terminé ses études et surtout après avoir constaté l'immense succès de l'excellent premier film consacré à Superman en 1978, Michael Uslan décide de produire un film consacré à Batman. Mais étant lui-même un grand fan de comics et ayant détesté la série des années 60, il veut que ce film soit sombre et sérieux ! Avec l'aide du producteur Benjamin Melniker, il acquiert les droits d'adaptation de Batman en 1979 et joint deux autres producteurs à sa cause, mais échoue à convaincre tous les grands studios américains de l'intérêt d'un tel film. Ceux-ci sont en effet incapables d'envisager un film qui serait différent du ton de la série des années 60.
Note : Uslan et Melniker sont producteurs exécutifs de tous les films consacrés à Batman depuis les années 80 jusqu'à aujourd'hui.
Étant donné le succès rencontré par leur film "Superman" et ne voulant pas laisser l'autre grand personnage de DC Comics à d'autres, les studios Warner Bros finissent tout de même par accepter le projet de film consacré à Batman en 1981. Tom Mankiewicz (l'un des scénaristes du film "Superman") est engagé pour écrire le script et celui-ci livre sa copie en 1983 : dans un ton épique proche de celui employé pour l'Homme d'Acier, l'histoire se concentre ici sur les origines de Batman puis celles de Robin en fin de récit, les deux héros luttant contre le Joker et Rupert Thorne (un chef mafieux introduit dans les comics en 1977), ce dernier étant celui qui a embauché Joe Chill (identifié depuis une BD parue en 1948 comme celui qui a tué les parents Wayne) pour assassiner Thomas Wayne sur fond d'élections au conseil municipal de Gotham City. Le personnage féminin de Silver St. Cloud (apparu dans les comics en 1977) y est présent pour une romance avec Bruce Wayne. Le script est à ce moment-là intitulé "The Batman" et le projet avance puisqu'on parle d'une sortie sur les écrans à la mi-1985 (période où la popularité du personnage est au plus bas). Mais le studio n'arrive pas à se décider sur l'orientation du film et change sans cesse d'avis sur le ton à employer. Ils envisagent d'embaucher Joe Dante ("Gremlins" 1 & 2) ou Ivan Reitman ("S.O.S. Fantômes" 1 & 2) pour la réalisation mais font régulièrement réécrire le script jusqu'au point d'arriver à l'exact opposé du projet de départ (une version comique avec Bill Murray dans le rôle de Batman et Eddie Murphy dans le rôle de Robin a été envisagée à un moment donné, pour le plus grand effroi du producteur Michael Uslan).
Le projet est dans une impasse ! Mais en 1986, la BD "The Dark Knight Returns" écrite et dessinée par Frank Miller révolutionne l'industrie des comics et initie son âge moderne (Modern Age). Cette histoire devenue culte montre un Bruce Wayne vieillissant obligé de sortir de sa retraite pour ré-endosser le costume de Batman afin de combattre le crime organisé qui ronge Gotham City. Il finit par s'opposer à la police qui ne veut pas de son aide, ainsi qu'à de vieux ennemis et mêmes d'anciens amis afin de mener à bien sa mission. Ce comic-book dépressif et brutal (situé hors de la continuité des publications régulières) redéfinit complètement les attentes du public de l'époque, et les ventes de bat-comics repartent enfin à la hausse pour la première fois depuis presque 20 ans. Warner Bros comprend alors enfin l'intérêt (financier) d'un film sombre consacré à Batman et décide d'impliquer un jeune réalisateur dont le premier film nommé "Pee-Wee's Big Adventure" a connu un beau succès au box-office en 1985...
"Batman" (1989) :
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Tim Burton est donc officiellement nommé à la tête du projet en 1986, tout en continuant de travailler en priorité sur son second film nommé "Beetlejuice". Il demande au scénariste Sam Hamm de lui écrire un nouveau script désormais simplement titré "Batman". Celui-ci remanie tout ce qui a été fait jusque-là et remplace Silver St. Cloud par la journaliste Vicki Vale (apparue dans les comics en 1948) ainsi que Rupert Thorne par un personnage original nommé Carl Grissom. Son plus gros changement réside dans le fait qu'il choisit de ne pas raconter la création de Batman de façon chronologique (en commençant avec l'assassinat des parents Wayne). Il considère qu'il est plus intéressant (et plus intrigant) d'y revenir par le biais de flash-backs. Le personnage de Robin n'est pas entièrement supprimé de l'histoire car Dick Grayson y fait tout de même une brève apparition. Une scène avec le jeune policier James Gordon en patrouille durant la nuit du meurtre des parents Wayne figure également dans ce script, mais celle-ci sera supprimée lors des ré-écritures qui suivront, ainsi que toutes les références à Dick Grayson / Robin.
Ce n'est qu'après la sortie (et le succès commercial) de "Beetlejuice" en mars 1988 que Warner Bros donne finalement son feu vert pour débuter la pré-production de "Batman". Mais une controverse éclate lorsque les fans apprennent que Tim Burton va réaliser le film car il est encore considéré uniquement comme un réalisateur de comédies (d'autant plus que son premier film s'adressait essentiellement aux enfants). Pire : après avoir envisagé Mel Gibson, Kevin Costner, Charlie Sheen, Alec Baldwin, Dennis Quaid, Harrison Ford, Burt Reynolds, Pierce Brosnan ou Tom Selleck, et malgré les pressions du studio pour choisir une star de films d'action, Tim Burton finit par attribuer le rôle de Batman / Bruce Wayne à Michael Keaton (qu'il a dirigé dans "Beetlejuice"). Le scandale est total : Michael Keaton est surtout connu à cette époque pour ses rôles comiques (sans parler du fait qu'il n'est pas très grand et qu'il n'a pas la mâchoire carrée typique de Bruce Wayne) et les studios Warner reçoivent plus de 50 000 lettres de protestation de la part des fans. Michael Uslan, Sam Hamm et même Bob Kane contestent cette décision, craignant une nouvelle fois un retour au ton de la série des années 60, mais Tim Burton maintient son choix et embauche le co-créateur de Batman, Bob Kane, comme consultant sur le film afin de calmer l'opinion publique. Pendant ce temps-là, Michael Keaton étudie la BD "The Dark Knight Returns" pour travailler son personnage...
(Michael Keaton et Bob Kane sur le tournage de "Batman")
Jack Nicholson finit par accepter le rôle du Joker, ce qui rassure une partie des fans sur le sérieux du projet, mais ça n'a pas été chose aisée car l'acteur a longtemps résisté avant de donner son accord. Il finit tout de même par céder en imposant toutes sortes de contraintes (d'emploi du temps mais aussi salariales) à la production. Jack Nicholson était de toute manière l'acteur voulu par Uslan depuis les débuts du projet 8 ans auparavant, même si Tim Curry, Willem Dafoe, David Bowie et James Woods ont été envisagés à un moment ou à un autre, tandis que Robin Williams a ouvertement milité (en vain) pour obtenir le rôle.
L'actrice Sean Young ("Blade Runner") est engagée pour interpréter le rôle de Vicki Vale mais elle se blesse à cheval juste avant le début du tournage. Il faut alors trouver une autre actrice en urgence et Michelle Pfeiffer est envisagée. Michael Keaton refuse car il la fréquente à cette époque et il pense que la situation pourrait être trop compliquée à gérer pour lui. Kim Basinger est disponible et c'est finalement elle qui rejoint immédiatement la production.
Les rôles du Commissaire Gordon et d'Alfred Pennyworth sont attribués à Pat Hingle et Michael Gough, et ceux-ci conserveront ces rôles pour les trois films suivants (jusqu'à "Batman & Robin" en 1997). Billy Dee Williams (Lando Calrissian dans la saga "Star Wars") est choisi pour le rôle du procureur Harvey Dent, avec l'intention de Tim Burton de développer l'histoire de Double-Face dans un futur film. Jack Nicholson fait embaucher l'un de ses meilleurs amis, Tracey Walter, pour le rôle de Bob (le bras droit du Joker) tandis que le grand acteur Jack Palance hérite du rôle de Carl Grissom, le grand boss du crime de Gotham City.
Pour des besoins de place (mais aussi pour s'éloigner de la pression médiatique), la production se déplace en Angleterre, aux studios Pinewood, et le tournage s'y déroule d'octobre 1988 à janvier 1989. Tim Burton (alors âgé de 30 ans) subit une pression énorme de la part des studios car le budget du film est quasiment un record pour l'époque. Il ne dispose pas d'une entière liberté artistique mais réussit tout de même à faire embaucher son ami Danny Elfman (qui avait déjà travaillé sur les deux premiers films de Burton) afin de s'occuper de la musique. Tout aussi stressé que Tim Burton à l'idée de s'occuper d'un film d'une telle envergure, Danny Elfman est toutefois rapidement engagé après avoir fait écouter aux producteurs sa vision de la "fanfare" de Batman.
Le script est réécrit à plusieurs reprises durant le tournage, notamment par Warren Skaaren qui y ajoute plus de scènes d'action, élimine complètement le passage où les parents de Dick Grayson, alors en pleine représentation d'acrobaties aériennes durant la grande parade visible en fin de métrage, font une chute mortelle causée par des explosions de feux d'artifices accidentellement déclenchés par le Joker en fuite à bord d'une camionnette. La scène finale en haut de la cathédrale est également été ajoutée pendant le tournage.
La toute première bande-annonce de "Batman" est projetée fin 1988 afin de faire cesser une fois pour toutes les critiques et le scepticisme des fans. Ce n'est qu'un montage de scènes diverses avec très peu de musique mais la réaction du public va bien au delà des espérances du studio : l'engouement est énorme, les fans téléphonent aux cinémas pour savoir s'ils diffusent le trailer et vont à des séances de n'importe-quel film pour pouvoir le (re)voir, tandis que des copies pirates s'échangent dans les conventions. Une nouvelle vague de "bat-mania" envahit les Etats-Unis où les affiches dénuées de texte et arborant uniquement le (superbe) logo créé pour l'occasion sont visibles partout (et sont régulièrement volées par les fans) ! Les produits dérivés se vendent comme des petits pains et les chansons spécialement écrites par Prince (dont sa fameuse "Batdance") font un carton alors que le film n'est même pas encore sorti !
Des comics de Batman contenant des histoires sombres et violentes continuent de paraître depuis "The Dark Knight Returns" : Frank Miller réécrit une fois pour toute les origines du personnage à la manière d'un film noir dans "Batman - Year One" en 1987, Alan Moore explore les liens tordus qui existent entre Batman et le Joker (ainsi que les origines de ce dernier) dans "The Killing Joke" en 1988 (Tim Burton n'est pas très fan de comics en général, mais il affirme que le premier et le seul qu'il ait vraiment compris et adoré était "The Killing Joke"), tandis que Jason Todd (le second Robin après Dick Grayson) meurt dans les bras de Batman suite à un vote des fans dans les pages de "A Death In The Family" entre décembre 1988 et janvier 1989 ! Toutes ces BD sont aujourd'hui considérées comme cultes.
Le contexte est idéal lorsque "Batman" sort sur les écrans américains le 23 juin 1989. Tout comme l'attente, le succès est colossal ! "Batman" sera le premier film de l'histoire à atteindre les 100 millions de dollars de recette durant les 10 jours suivant sa sortie (les recettes totales atteindront plus de 411 millions de dollars pour un budget initial de 35 millions). C'est le plus grand succès de l'année 1989 aux Etats-Unis (devancé de peu à l'international par "Indiana Jones Et La Dernière Croisade") et il obtient l'Oscar de la meilleure direction artistique grâce aux designs créés par Peter Young et Anton Furst, ce dernier étant le principal créateur des décors de Gotham City, de l'apparence et des gadgets de Batman, sans oublier la sublime Batmobile créée pour le film !
Du côté des fans des comics, les critiques envers Michael Keaton sont totalement oubliées, et ils sont au contraire ravis par l'ambiance sombre et gothique du film. Bob Kane lui-même est heureux de constater que le personnage qu'il a créé 50 ans auparavant est enfin traité d'une façon aussi fidèle. Mais il y a toutefois deux éléments qui ne seront pas acceptés par le public dans le scénario du film (sans parler de la musique de Prince jugée comme étant "hors-contexte") : le fait que Vicki Vale soit conduite dans la Batcave par Alfred (il y aura d'ailleurs un dialogue relevant cette bizarrerie dans le film suivant), mais aussi et surtout le fait que le Joker soit le tueur des parents de Bruce Wayne ! Le scénariste original Sam Hamm (absent du tournage anglais à cause d'une grève des scénaristes aux Etats-Unis) n'est pas à l'origine de ces scènes, il soutient ces critiques qu'il juge fondées et regrette les réécritures apportées à son script. Il précise toutefois que cette vision de la mort des parents Wayne était une idée à laquelle Tim Burton tenait énormément depuis longtemps afin de créer un lien psychologique entre Batman et le Joker (le réalisateur et le scénariste s'étaient régulièrement affrontés sur le fait d'inclure ou non cette partie de l'histoire) !
"Batman", malgré ses quelques petits défauts (notamment de rythme), est encore considéré comme l'un des meilleurs films de super-héros jamais réalisés, et il ouvre la voie aux adaptations modernes et sérieuses de comic-books, alors que la franchise "Superman", qui avait pourtant débuté en fanfare avec deux bons films, finit par se perdre en route dans les années 80 via deux suites risibles et un spin-off minable consacré à la cousine du kryptonien.
Les studios Warner Bros souhaitent que Tim Burton débute le tournage d'un second film consacré à Batman dès le mois de mai 1990. Mais le réalisateur hésite car il n'est pas satisfait du premier film et il garde un très mauvais souvenir des pressions subies sur le tournage. Il préfère donc s'atteler d'abord à la réalisation de "Edward Aux Mains D'Argent" (sorti en 1990 chez 20th Century Fox) avant d'accepter finalement l'offre de Warner Bros à condition de disposer d'une totale liberté artistique sur le projet.
Entre-temps, Warner fait à nouveau appel à Sam Hamm pour écrire le script de cette suite. Son histoire commence rapidement après la fin de "Batman" et Vicki Vale en fait partie. Robin y apparaît (à nouveau) en fin de récit, tandis que les nouveaux méchants sont Catwoman (apparue dans les comics en 1940) et le Pingouin (apparu dans les comics en 1941) qui s'allient afin de partir à la recherche d'un trésor. Mais lorsque Tim Burton arrive officiellement à la tête du projet avec les pleins pouvoirs, il demande une réécriture quasi-complète de ce script au scénariste Daniel Waters (qu'il avait tout d'abord contacté afin d'écrire une suite à "Beetlejuice").
"Batman Returns" ou "Batman : Le Défi" en VF (1992) :
Daniel Waters a envie de montrer dans son histoire que les vrais méchants ne portent pas forcément de costume ou de maquillage, et qu'on peut les trouver dans les milieux politiques et financiers. Il créé donc de toute pièce le personnage de Max Shreck (interprété par Christopher Walken, vu dans "Dead Zone" et "King Of New-York") pour exprimer cette idée, celui-ci étant tout d'abord envisagé comme étant le frère perdu depuis longtemps par le Pingouin. Vicki Vale et Robin sont supprimés, essentiellement parce-qu'il y a déjà assez de personnages et surtout parce-que Tim Burton ne trouve pas d'approche intéressante pour les traiter. De toute façon, le studio et Burton considèrent que les personnages non-présents dans ce film seront développés dans les films suivants (c'est par exemple le cas de Harvey Dent / Double-Face dont le rôle est toujours réservé à l'acteur Billy Dee Williams et qui devait à l'origine faire une brève apparition dans "Batman Returns" dans une scène où il remettait à plus tard son implication dans les événements après avoir tiré sa décision à "pile ou face"). Marlon Wayans (un afro-américain alors âgé de moins de 20 ans, connu plus tard pour ses rôles dans "Scary Movie" 1 et 2, "Donjons & Dragons", "G.I. Joe") fut d'ailleurs engagé pour interpréter Robin, mais vit son personnage également conservé pour le 3ème film de la saga. Dick Grayson devait ici apparaître en tant que jeune délinquant, puis comme jeune mécanicien qui s'occupe de la collection de voitures de Bruce Wayne et qui finit par découvrir son alter-ego secret pour finalement bricoler la Batmobile (un concept assez proche de ce qui sera raconté dans "Batman Forever" en 1997).
Catwoman et le Pingouin sont conservés, et vu que le réalisateur pense avoir déjà bien exploré Batman dans le premier film, il décide de mettre le héros en retrait pour se concentrer sur le Pingouin via son histoire et sa psychologie (les personnages rejetés par la société étant récurrents dans le cinéma de Tim Burton qui y voit un miroir de sa propre expérience).
Parmi les critiques récurrentes de "Batman Returns", on retrouve d'ailleurs le fait que Batman n'est pas assez présent comparé à ses ennemis (une critique déjà évoquée pour le premier film, mais bien plus coriace pour le second). On évoque aussi le trop grand nombre de personnages de "Batman Returns". Il était d'ailleurs assez nouveau de faire en sorte qu'un super-héros affronte deux super-vilains différents dans un même film, et pourtant cette formule a persisté dans tous les films suivants, jusqu'à "The Dark Knight Rises" sorti 20 ans plus tard !
Côté casting, Danny DeVito ("À La Poursuite Du Diamant Vert", "Jumeaux") est un choix logique et unanime pour le rôle du Pingouin. Annette Bening est engagée pour le rôle de Selina Kyle / Catwoman mais se voit contrainte d'abandonner le projet à cause de sa grossesse (elle retrouvera Tim Burton quelques années plus tard dans "Mars Attacks !"). Sean Young, qui avait failli jouer Vicki Vale dans "Batman", milite pour obtenir le rôle en visitant les bureaux de la production avec un costume "fait-maison" de Catwoman afin d'obtenir une audition (quasiment toutes les actrices connues âgées à l'époque de 20 à 35 ans veulent ce rôle). Mais après avoir envisagé Raquel Welch, Jennifer Jason Leigh, Madonna, Ellen Barkin, Cher, Bridget Fonda et Susan Sarandon, c'est Michelle Pfeiffer (pressentie pour incarner Vicki Vale dans "Batman") qui finit par obtenir le rôle après une seule rencontre avec Tim Burton.
Cette fois, personne ne conteste le fait que Michael Keaton endosse le rôle de Bruce Wayne / Batman, sauf peut-être l'acteur lui-même qui hésite et finit par accepter à condition d'explorer une nouvelle facette de son personnage (et en renégociant son salaire très à la hausse).
Bob Kane est une nouvelle fois engagé comme consultant pour le film.
(Michelle Pfeiffer, Michael Keaton et Tim Burton sur le tournage de "Batman Returns")
Le tournage se déroule cette fois à Hollywood début 1991 (alors que la Warner avait dépensé une fortune pour conserver les décors de "Batman" en Angleterre pendant que Tim Burton tournait "Edward Aux Mains D'Argent"). Bo Welch, qui a déjà travaillé sur "Beetlejuice" et "Edward Aux Mains D'Argent" remplace Anton Furst (qui se suicidera fin 1991 pour raisons personnelles) au poste de production designer. Il s'inspire largement des travaux de son prédécesseur auxquels il ajoute des influences néo-expressionnistes russes et allemandes (via par exemple d'immenses statues) pour la ville de Gotham City. La Batmobile reste quant à elle inchangée, sauf dans une scène bien précise. Le costume de Batman porté par Michael Keaton dans le premier film était particulièrement inconfortable et pesait plus de 30 kilos ! Son design est légèrement modifié pour le second film, notamment au niveau de la poitrine (qui arbore cette fois un bat-logo similaire à celui visible sur les supports publicitaires), il ne pèse plus "que" 25 kilos et offre également un léger confort supplémentaire à l'acteur ainsi que de plus grandes facilités de mouvement (sans pour autant lui permettre de pivoter sa tête indépendamment de ses épaules).
Le budget de "Batman Returns" est 2,3 fois plus important que celui de "Batman" : il atteint en effet 80 millions de dollars ! Une grande partie de ce budget a été consacrée aux effets visuels créés par Stan Winston ("The Thing", les 4 "Terminator", "Aliens", les 2 premiers "Predator", la saga "Jurassic Park", "Iron Man", "Avatar"), notamment pour l'armée de pingouins robotisés ou les costumes de Catwoman et du Pingouin. Les décors coûtent une fortune car ils doivent être constamment climatisés afin que de l'haleine des acteurs soit visible (l'action du film se déroule à Noël), mais aussi pour le confort des véritables pingouins utilisés dans certaines scènes.
Danny Elfman s'occupe à nouveau de la musique (tandis que le single qui accompagne le film est cette fois le morceau "Face To Face" de Siouxsie And The Banshees) et la post-production dispose d'un timing très serré pour que le film soit prêt à temps. Tim Burton rajoute d'ailleurs le plan final montrant Catwoman devant un ciel de Gotham City illuminé par le Bat-Signal au tout dernier moment. La scène est réalisée en un week-end pour un coût de 25 000 $ et avec une doublure utilisant l'un des costumes restants de Catwoman (et en étant attentif, on peut se demander sur quoi se tient Catwoman dans ce plan). Le réalisateur et le studio pensent en effet qu'il faut montrer que ce personnage est toujours en vie et qu'il pourrait réapparaître dans l'un des films suivants...
"Batman Returns" sort sur les écrans américains le 19 juin 1992 et bat le record du meilleur week-end de démarrage. Bien qu'étant un grand succès commercial, le film n'engrange qu'un total de 266 millions de dollars de recettes (soit 145 millions de moins que le premier film). Accompagné de réactions très partagées, le film est notamment critiqué pour sa trop grande noirceur de ton. Le Pingouin et Catwoman sont largement salués pour les prestations "habitées" des acteurs qui les interprètent, tandis que les fans déplorent leurs origines trop différentes de celles des comics. Catwoman est tout de même saluée pour son implication complexe dans l'histoire (gentille / méchante), très fidèle à ses apparitions dans les comics. On déplore tout de même le manque de scènes épiques impliquant Batman, tandis que tous les personnages du film sont considérés (probablement à juste titre) comme étant dépressifs ou névrosés.
Les restaurants McDonald's font l'objet d'un mini-scandale à cause de leurs menus Happy Meal estampillés Batman et offrant des véhicules inspirés du film. Bien que "Batman Returns" soit classifié PG-13 (comme le premier film, c'est-à-dire interdit aux moins de 13 ans non-accompagnés d'un adulte), les parents américains emmènent leurs très jeunes enfants voir le film et se plaignent ensuite auprès de la chaîne de fast-food des scènes sanglantes et des cauchemars nocturnes vécus par les bambins. La chaîne de restauration tente d'abord d'expliquer qu'elle ne fait pas la promotion du film mais qu'elle représente la franchise Batman dans son ensemble. Elle finit toutefois par retirer ses menus au bout de quelques semaines lorsque les médias commencent à leur faire trop de mauvaise publicité.
Note : la classification PG-13 a été inventée en 1984 après que le film "Indiana Jones Et Le Temple Maudit" ait provoqué la colère des parents qui considéraient qu'il était beaucoup trop effrayant, voire gore, pour être classé PG (accompagnement d'un adulte conseillé - certaines scènes peuvent ne pas convenir aux enfants). Mais le film était également trop familial pour être classé R (interdit aux moins de 17 ans non-accompagnés d'un parent) comme un film d'horreur, et Steven Spielberg a ensuite contacté la MPAA pour suggérer la création d'une classification intermédiaire, le PG-13, qui est devenue effective 3 mois après la sortie de son film.
Warner Bros désire évidemment continuer de capitaliser sur une franchise aussi populaire que Batman et compte bien produire d'autre films. Mais le studio n'est alors plus très enthousiaste à l'idée que Tim Burton occupe le poste de réalisateur (bien que celui-ci ait déjà des idées). Burton est donc écarté du projet de film suivant (dont il reste tout de même le producteur) et Warner Bros commence à travailler sur une approche plus familiale de la franchise...
"Batman" et "Batman Returns" demeurent aujourd'hui encore des œuvres incontournables ayant ouvert la voie aux adaptations cinématographiques modernes consacrées au super-héros. Leur impact sur le cinéma a été considérable et ils sont encore considérés parmi les meilleurs films de Tim Burton. Ils ont d'ailleurs permis à d'autres œuvres (de qualités diverses) inspirées de l'univers de Batman de voir le jour :
"Batman - The Animated Series", le célèbre dessin-animé d'excellente qualité produit par Bruce Timm et scénarisé par Paul Dini profite largement du succès de "Batman" en 1989 pour entrer en développement. On y retrouve la même ambiance sombre, le même type de design à la fois moderne et ancré dans les années 40, ainsi que les thèmes musicaux de Danny Elfman retravaillés par Shirley Walker. Bruce Timm s'est aussi ouvertement inspiré de la fantastique série de dessins-animés "Superman" produite dans les années 40 par les studios Fleischer. La diffusion de "Batman - The Animated Series" a débuté en septembre 1992 aux Etats-Unis et ce dessin-animé est encore considéré comme l'un des meilleurs jamais produits pour la télévision. Elle comporte une première saison (1992-1993) de 65 épisodes, une seconde saison (1994-1995) intitulée "The Adventures Of Batman And Robin" comportant 20 épisodes supplémentaires, ainsi qu'un troisième saison (1997-1998) intitulée "The New Batman Adventures" qui comporte 24 autres épisodes. Elle a également engendré 3 long-métrages animés sortis pour la plupart directement en vidéo : "Batman - Mask Of The Phantasm" ("Batman Contre Le Fantôme Masqué" en VF) sorti (en salles uniquement aux Etats-Unis) en 1993, "Batman & Mr. Freeze : SubZero" en 1998 et "Batman : Mystery Of The Batwoman" ("Batman : La Mystérieuse Batwoman") en 2003.
Note : le doublage du Joker en VO est effectué par Mark Hamill (Luke Skywalker dans la saga "Star Wars" originale).
"Batman - Mask Of The Phantasm" est d'ailleurs considéré comme l'un des meilleurs films consacrés à Batman, au même titre que certains long-métrages en prises de vues réelles comme le premier "Batman" ou "The Dark Knight". Il est d'ailleurs intéressant (voire décevant) de constater que ce film n'a jamais été éditée en DVD/Blu-Ray Zone-2 à ce jour ! En revanche, l'intégrale de la série animée est enfin sortie en DVD (mais pas en Blu-Ray) en octobre 2013 en France.
Suite au succès rencontré par le personnage de Catwoman dans "Batman Returns", Warner Bros a envisagé un spin-off réalisé par Tim Burton dont le personnage principal serait toujours interprété par Michelle Pfeiffer, et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'on ne la fit pas apparaître dans le film suivant ("Batman Forever"). Un script sombre et réaliste, une nouvelle fois écrit par Daniel Waters, a été proposé aux studios Warner en 1995, juste au moment où un "Batman Forever" à l'orientation très grand public sortait sur les écrans. Le projet fut alors mis de côté durant de nombreuses années, et Burton et Pfeiffer quittèrent le navire...
Le film (au script largement modifié) refait finalement surface en 2004 sous la direction du français Pitof ("Vidocq"). Le rôle principal est attribué à Halle Berry (son personnage nommé Patience Phillips n'ayant strictement rien à voir avec Selina Kyle), tandis que Sharon Stone et Lambert Wilson y interprètent les méchants de l'histoire. "Catwoman" obtient un très mauvais score au box-office et est largement critiqué (à raison) pour son scénario, sa réalisation et ses acteurs aux prestations minables. Il est considéré comme l'une des pires adaptations de comics au cinéma.
Une série TV nommée "Birds Of Prey" ("Les Anges De La Nuit" en VF) et vaguement inspirée des comics du même nom est diffusée à partir de 2002. Elle met en scène Helena Kyle (Huntress), la fille née de l'amour de Batman et Catwoman (ce personnage existe avec cette origine dans certaines versions des comics) suite aux événements de "Batman Returns". La série recrée d'ailleurs certaines scènes du film original afin de raconter les origines d'Helena.
Elle combat le crime aux côtés de Dinah Redmond (Black Canary) et Barbara Gordon (Oracle et ex-Batgirl) dans la ville de New Gotham désertée depuis longtemps par Batman. Une scène expliquant les origines du handicap d'Oracle (interprétée par Dina Meyer, vue dans "Starship Troopers") s'inspire d'ailleurs directement du célèbre comic-book "The Killing Joke" d'Alan Moore et Brian Bolland paru en 1988.
La grande méchante de l'histoire est la psychiatre Harleen Quinzel (Harley Quinn, qui n'y porte jamais son célèbre costume) et elle est interprétée par Mia Sara ("La Folle Journée De Ferris Bueller").
Alfred Pennyworth est le narrateur de l'histoire.
Cette série de qualité moyenne fut annulée au bout d'une unique saison de 13 épisodes. Elle a été éditée en DVD en 2008 (et est facilement trouvable en Zone-2).
À suivre...
(Cliquez ici pour lire la troisième partie du dossier)
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